Après une journée de découverte du territoire en compagnie d’Eric Aubry, directeur de la Paperie, le choix se porte sur la petite ville de Noyant, à l’est du département du Maine et Loire. Noyant est traversée par une route à camions, bordée par les restaurants routiers et entourée d’exploitations agricoles principalement céréalières. La rencontre avec Claudine, qui tient la petite épicerie du village depuis 1986, est décisive. Nous travaillons ensuite plusieurs semaines à la création d’une partition qui met en scène l’activité de l’épicerie, qui évoque les réalités qu’elle traverse, et qui fait transparaître sa vie quotidienne. L’épicerie est un lieu de passage, de vie et d’échanges tout en pudeur, rythmée par les tâches quotidiennes et les gestes répétitifs. On sent aussi dans la pièce, la perméabilité entre la vie personnelle et professionnelle de Claudine et Tonio, à peine séparées par une porte et quelques grelots. Du côté de l’Aubépine, l’implantation de Dans le vif à Noyant est l’occasion d’inverser les rôles dans l’équipe, Marie jouant dans la pièce et Alban étant à la régie dans le public. Nous expérimentons également la jauge réduite, la proximité entre les spectateurs et le plateau ainsi que de nouvelles manières d’accueillir le public. Cette implantation sera un succès, nous jouerons dix fois la pièce avant de démonter, presque un an après notre première venue à Noyant. La relation avec Claudine fut intense, et c’est avec un pincement que nous repartons. Nous considérons cette implantation à Noyant comme l’achèvement du processus de création de Dans le vif.